Maman, je ne suis pas malade alors ?
Quand j’ai commencé à écrire sur le web, c’était sur le Haut Potentiel Intellectuel (HPI), les surdoués, les “Zèbres”.
J’écrivais parce que j’étais concernée par le sujet. A ce moment- là je ne savais pas encore à quel point cette particularité me collait à la peau. Au début, j’écrivais pour mon fils. Pour exorciser toutes ces années de silence à vouloir rentrer dans une case.
Des années à essayer d’expliquer cette “différence” aux équipes enseignantes, à la famille. Depuis son entrée à l’école, à l’âge de 3 ans, on s’est bien rendu compte que quelque chose n’allait pas. Notre fils si joyeux, curieux, bavard, doux se transformait en un enfant méchant, agressif, violent, renfermé, muet une fois passé les grilles de l’école.
La cause, on l’a trouvée 2 ans plus tard auprès d’un psychologue bienveillant. Le premier adulte autre que nous qui a pris le temps de l’écouter. Je n’oublierai jamais ses mots :
– Maman, je ne suis pas malade alors ?
– Mais non, pas du tout. Pourquoi tu me dis ça ?
– Je pensais que j’avais une grave maladie parce que j’étais différent des autres.
C’était la première fois qu’il exprimait son ressenti.
Ça m’a fendu le cœur.
Essayer de rentrer dans une case
Mais on a continué à faire du mieux qu’on a pu. Il a continué sa scolarité. Les problèmes de comportements ont évolué avec l’âge sans jamais vraiment se résoudre. Saut de classe, entrée au collège, brimades, bagarres, harcèlement, dévalorisation, rejet, violence envers lui-même et envers nous, repli sur soi, envie de mourir.
10 ans à essayer de le faire rentrer dans la case que nous avaient dicté la société, l’éducation que j’avais reçu, mes croyances et mes peurs.
Alors, à bout de solutions, pour ne pas perdre complètement mon enfant, je suis allée à contre courant et je l’ai retiré de l’école. Ça a été une des décisions les plus pénibles de ma vie parce que c’était un grand saut dans l’inconnu.
15 jours après, je me bénissais d’avoir pris cette décision. Aucun des scénarios catastrophes que j’avais fantasmé n’est arrivé. Et 6 mois après, je retrouvais l’enfant curieux, aimant, doux et lumineux que j’avais connu petit.
Pendant toutes ces années, j’ai cru que le Haut Potentiel était le problème. Mais en vérité, c’était l’environnement, le cadre dans lequel il évoluait le problème.
Et TOI, dans quelle case es-tu ?
Odile Laude
Inspiratrice de Vie